1/ L’histoire de la Rumba Congolaise.
La ” Nkoumba ” appelée plus tard à Cuba Rumba est une danse de nombril qui prend sa source en l’Afrique Centrale, plus précisément dans le Royaume Kongo et en République Centrafricaine chez ” Mbati “, un groupe ethnique du sud ouest du pays. En ” Mbati “, tout comme en ” Moukongo “, ” Nkoumba ” désigne le nombril. Chez les “Bakongo” groupe ethnique situé au sud du Congo Démocratique, Congo Brazzaville, de l’Angola et chez les ” Mbati ” de Centrafrique, la danse de nombril est une expression folklorique charnelle permettant à un couple de danseurs de se produire nombril contre nombril.
Lorsque les esclaves noirs Africains débarquent à Cuba il y a 5 siècles avec la danse ” Nkoumba “, le colonisateur Espagnol supprime l’Africanité de cette expression culturelle, populaire et la baptise Rumba pour l’approprier. Du point de vue linguistique, Cuba conserve à ce jour plusieurs mots d’origine Africaine, et ce en dépit de nombreuses transformations constatées dans l’héritage culturel des anciens esclaves. La Rumba conserve à ce jour quelques mots bantou et yoruba dont on entend dans certaines chansons Cubaines. Lorsque la Rumba est revenue en Afrique entre les années 40 et 50, après avoir été longtemps un moyen d’expression artistique et de revendication des noirs qui dénoncent l’injustice dont ils sont victimes à Cuba, elle a été réappropriée par les Africains. Avec l’évolution du temps, les musiciens Africains intègrent leur folklore dans ce riche patrimoine culturel et l’enrichissent d’autres courants musicaux.
2/ L’histoire de la Rumba Cubaine.
La Rumba Cubaine se développe au 19ème siècle dans la province de Matanzas, puis dans ses toutes ses régions. Identifiée à Cuba comme une Culture Bantou, la Rumba est composée d’un chant, des claves (deux bouts de bois) qui marquent son tempo, de trois tambours de différentes sonorités (aigüe, médium et basse) qui produisent un rythme consistant sur plusieurs hauteurs. Enfin, les maracas jouées par le chanteur de la Rumba marquent le temps fort de la musique et de la deuxième partie est très dansante. La Rumba Cubaine comporte trois diversités.
Le Guaguanco est un rythme posé joué avec beaucoup de solo de percussions. L’une des particularités de Guanguanco est la danse de charme effectuée par un couple de danseurs sur cette musique. L’homme à travers une gestuelle cherche à séduire la femme sur cette variante de la Rumba. Le Yambu est une musique marquée par des improvisations du chanteur. Le Yambu est lent et la danse imite celle d’une personne âgée ayant des problèmes de mobilité. Enfin, la Columbia très cadencée est chantée à l’époque dans les plantations de canne à sucre dans un mélange d’Espagnol et d’Africains par des esclaves noirs. Il s’agit d’une musique plaintive et craintive sur la quelle un seul homme exécute une danse acrobatique symbolisant la bravoure.
3/ L’évolution de la Rumba Congolaise
Après Paulo Kamba, Jimmy Zakari et Wendo, la Rumba se modernise avec l’African Jazz de Joseph Kabassélé vers la fin des années 50 qui introduit la guitare électrique et la trompette dans ce nouveau style. Puis, le Seigneur Rochereau au Congo RDC et Rodolphe Békpa en Centrafrique introduisent la batterie dans la Rumba Africaine pour lui donner du tonus. Ensuite, le Seigneur Rochereau et Franco Luambo Makiadi apportent à la Rumba Congolaise ses lettres de noblesse à travers leurs textes qui reflètent les réalités quotidiennes Africaines. Au fil des temps, la Rumba intègre d’autres courants musicaux tels que le Jazz, le Makossa, la Pop et la Soul. De nos jours, la Rumba s’essouffle par manque d’innovation de nos artistes. Aussi, les textes souvent trop longs en lingala deviennent de moins en moins accessibles. Des animations, des génériques en français et “l’Atalakou” ou “Mabanga” (le fait de citer plusieurs noms dans la Rumba) devient un style à la mode et dénature ce patrimoine qui tend à s’internationaliser. Les Ivoiriens inventent une version raccourcie du Soukouss, une variante de la Rumba baptisée Coupé Décalé. Le français Ivoirien populaire, remplit d’humour rend accessible ce nouveau genre musical à la vitesse d’un TGV et relègue la Rumba vieillissante au second plan.
En Centrafrique la Rumba de Bangui se chante en Sango, la langue nationale et officielle du pays et prend en compte les diversités culturelles de ses régions. Ses paroles chantées expriment l’amour, la joie de vivre, la vie quotidienne et des thèmes de prise de conscience nationale. Depuis ces dix dernières années, la Rumba de Bangui est influencée par le style tradi – moderne appelé ” Montè-Nguènè ” qui est popularisé par lele groupe Zokéla.
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Sultan Zembellat
Anthologie de la Musique Centrafricaine