1/ Les bars dancings Banguissois
Comme Cuba, Bangui dans les années 50 possède des dancings qui accueillent des formations locales et internationales. Vis-à-Vis, le Rex, Cercle Mbi Yé, Bar Etoile, Coupole, Tara Tara, Cha Cha Cha, Dragon Rouge et ABC sont les dancings connus à Bangui.Tout comme Brazzaville Bangui est une plate-tournante musicale, mais sans émetteur radio à cette époque. Des groupes Cubains, Congolais viennent se produire dans cette ville assez souvent. Parmi ces formations et artistes connus l’on peut citer : l’Orchestre Aragon de Cuba, Wendo, Paulo Kamba, Antoine Mundanda, Joseph Kabassélé, Seigneur Rochereau et Franco Luambo Makiadi. Bangui devient le passage obligé des groupes d’Afrique Centrale du fait de ses somptueux dancings et de l’accueil chaleureux des banguissois à l’égart des groupes étrangers. D’ailleurs, pendant l’inauguration du dancing le Rex le 31 décembre 1954 à Bangui, l’ambiance est chaude.
L’African Jazz de Kabassélé partage la même scène avec un duo composé d’Antoine Moundanda et Paulo Kamba. D’après certains Banguissois, les Congolais de Brazzaville prennent ce soir de Saint-Sylvestre l’ascendant. Antoine Moundanda qui chante “Wali ti mbi ti kodro”, chant populaire Centrafricain composé par Jimmy Zakari enflamme la foule Banguissoise jusqu’au matin. Aussi, les prestations de Wendo au dancing Mbi yé à Lakouanga dans les années 50 attire d’innombrable foule de Banguissois, selon ma mère qui est présente à chaque concert de cette vedette. Il importe de signaler que Bangui est un lieu d’ambiance où ses habitants aiment danser et “ambiancer”.
2/ Les dancings le Rex, Mbi yé, Bar Etoile, Coupole, Cha Cha Cha, Tara-Tara, Dragon rouge, ABC, Cascade, Vis-à-Vis peuvent êtres classés monuments historiques
Les dancings le Rex, Mbi yé, Bar étoile, Coupole, Cha Cha Cha, Tara-Tara, Dragon rouge, ABC, Cascade, Vis-à-Vis peuvent êtres classés monuments historiques. L’inscription de ces sites sur la liste des patrimoines culturels est sans doute une démarche pouvant leur permettre de bénéficier des subventions de réhabilitation parce qu’il s’agit des lieux de notre mémoire qui ne doivent pas disparaître. La sauvegarde des lieux de mémoire est un moyen d’intégrer son histoire et d’avoir des repères. Aussi, les orchestres Centrafrican Jazz, Vibro Succès, Makémbé, Tropical Fiesta et Commando Jazz peuvent également bénéficier d’un dispositif de réhabilitation et de dotation en matériels dans une démarche de sauvegarde du patrimoine culturel Centrafricain en péril.
C’est dommage que la Culture soit sous représentée en Centrafrique, alors que cet aspect de notre société peut participer à la promotion et à la découverte de notre pays méconu jusque là. Certains économistes se trompent sans doute en privilégiant en temps de crise le développement d’autres secteurs d’activités en Centrafrique au dépens de la Culture, facteur lié à la progression des mentalités. Ainsi donc, nous assistons à une politique de développement qui ne prend point en compte la dimension humaine dans sa globalité. Comment prendre en compte le changement des mentalités dans un programme de développement économique lié à un pays pauvre ? Est-ce possible de lier l’économie au service de l’homme ou l’inverse ?
De nos jours, l’on constate la disparition des orchestres qui animent à l’époque les dancings Banguissois. Force est de constater que ces lieux mythiques sont tombés en désuétude et l’on remarque également l’absence d’initiative du ministère en charge de ce secteur sur la sauvegarde de l’ensemble de notre patrimoine culturel.
maziki.fr
Sultan Zembellat
Anthologie de la Musique Centrafricaine