7/Les évènements politico – militaires de Brazzaville
Dans les années 70 le Congo Brazzaville est doté d’une industrie musicale (studio d’enregistrement et une fabrique de disque) dénommée SOCODI et installée par une mission de la coopération de la Chine Populaire. Cette structure qui fait de Brazzaville une capitale Culturelle et d’industrie musicale qui attire majoritairement des artistes et groupes du Congo voisin se modernise et devient l’IAD avec une unité de duplication de k7 audio. Malheureusement, les évènements politico-militaires de 1997/1998 ont occasionnent la destruction de l’unique structure Culturelle de la sous région et pénalisent de ce fait les artistes. La Musique Congolaise moderne s’essouffle.
Après avoir rencontré des succès mondiaux incontestés à travers leurs portes drapeaux : Franklin Boukaka, Pamelo Moun’ka, José Missamou, Aurlus Mabélé, Pierre Moutouari, Zao, Youlou Mabiala, les Mbamina, la Musique Congolaise moderne s’essouffle. La musique Congolaise est en baisse de régime depuis les années 90 et subit la domination de son voisin le grand Congo. Plusieurs raisons expliquent cette chute vertigineuse de la Rumba Brazzavilloise. Tout d’abord, le déséquilibre occasionné par la guerre civile à répétition qui déstabilise les groupes locaux et tout le circuit économique existant. Quand l’économie va mal, le Culturel aussi souffre. L’état de pauvreté avancé des Congolais ne leur permet point en ce moment de consommer leurs produits culturels. Aussi, la situation économique dégradante pousse de nombreux artistes sur le chemin de l’exil et provoque de ce fait une pénurie de musiciens expérimentés au pays. De plus, l’absence d’une Politique Culturelle pouvant encourager le renouvellement des anciennes gloires est à prendre en compte. Enfin, la perte d’identité du style Musical Congolais a aussi contribué à sa chute. Autrefois, l’on distingue le » Bantou de la Capitale » d’ » Ok ! Jazz » du Congo voisin par son style de guitare estampillé par Géry Gérard et par le chant harmonique teinté d’accent Brazzavillois dans laquelle l’on reconnaît les timbres de Pamelo Moun’ka et Kosmos Moutouari.
8/Le FESPAM ( Festival Panafricain de Musique )
Le FESPAM (Festival Panafricain de Musique) demeure un outil de revalorisation de la Rumba Congolaise en péril, à la condition de bien redéfinir ses objectifs et de lui donner un sens. Le FESPAM fondé depuis 1996 qui vise à regrouper des artistes mondiaux ne revalorise pas malheureusement la Musique Congolaise qui souffre encore dans son ghetto. Ce Festival aurait pu être une occasion donnée de remobiliser et de remotiver la jeunesse Congolaise autour de différents Ateliers Musicaux développés dans le cadre d’Echanges avec des artistes étrangers et expérimentés afin de relancer la Rumba, ce riche patrimoine Culturel en crise. Il est dommage que l’aspect pédagogique même de cette grande Rencontre Musicale Africaine soit occulté par le côté Festif de l’Evènement.
A titre d’exemple, la thématique de FESPAM de 2005 qui vise la Salsa à la rencontre de la Rumba aurait pu faire l’objet en amont et pendant le Festival d’Ateliers d’Echanges de Pratique Musicale ou de Fabrication d’Instruments entre des artistes Congolais, Africains et Cubains. En quoi et dans quelles conditions un rapprochement, un lien ou un enrichissement peut être fait entre la Rumba Congolaise et la Salsa Cubaine ? jouer ensemble sur une scène ne suffit pas forcément de comprendre et d’intégrer la musique de l’autre. En tout état de cause, le FESPAM demeure un outil de revalorisation de la Rumba Congolaise en péril, à la condition de bien redéfinir ses objectifs et de lui donner un sens. Aussi, le gouvernement Congolais doit prendre en compte l’encadrement des nouveaux talents par des anciennes gloires du pays encore vivantes à ce jour. Essous Jean Serge, Nganga Edo, Cosmos Moutouari, Géry Gérard, Céli Bitchu, Boy Banda, Master Mwana Congo ont beaucoup de choses à transmettre à la jeune génération Congolaise qui s’intéresse à la musique.
maziki.fr
Sultan Zembellat
Anthologie de la Musique Centrafricaine