4/ Brazzaville devient la capitale de la France Libre en 1940
L’Afrique Equatoriale Française répond à l’appel du 18 juin 1940 lancé depuis Londres par le Général de Gaulle. Le 27 août 1940 Félix Eboué alors gouverneur du Tchad rallie de Gaulle pour tenter de mettre fin à l’occupation de France par l’ennemi qui est l’Allemagne. Ensuite, l’Oubangui Chari qui devient depuis la République Centrafricaine suit l’exemple de Félix Eboué aussitôt. Le Colonel Leclerc fait rallier Douala et Yaoundé et engage ainsi le Cameroun dans le camp des fidèles du Général de Gaulle. Enfin, le Colonel Larminat prend le pouvoir à Brazzaville et fait de cette ville à la demande du Général de Gaulle la Capitale de la France Libre. Le Gabon se rallie au prix d’un affrontement violent entre les partisans du Général de Gaulle et Vichy le 12 novembre 1940. Brazzaville devient trois années durant la capitale des de tous les territoires français qui veulent devenir libres. Ainsi, la ville de Brazzaville est construite en pierres pour résister aux éventuels bombardements d’ennemi et bénéficie à ce titre de certains équipements sociaux.
5/ Création par le Général de Gaulle de la Radio Brazzaville le 5 décembre 1940
Brazzaville devient une ville importante et également une capitale musicale. La musique Cubaine, le Tango,la Valse, la Polka Piquée, le High-Life font ravage dans les dancings Brazzavillois. Les anciens séminaristes et fonctionnaires proches des colons jouent de l’accordéon et animent des bals musettes à l’occasion des fêtes. Dans les années 40 le colonisateur Français installe à Brazzaville un puissant émetteur radio qui arrose toute l’Afrique de la musique Française, Cubaine et Rumba Congolaise. Paulo Kamba fonde son groupe “Victoria” au sein duquel évoluent Antoine Moundanda et Jimmy Zakari.
Désormais la Rumba Congolaise est née et le puissant émetteur de la Radio Brazzaville diffuse et contribue à la vulgarisation de la Musique Congolaise naissante chantée par Paulo Kamba et Antoine Moundanda. Le Centrafricain Jimmy Zakari assure tantôt la rythmique guitare, tantôt le solo pour meubler ce style musical nouveau inspiré du Son Cubain. Paulo Kamba recrute Antoine Moundanda venu de son village de Kinkala pour travailler en ville. Joueur de “Likémbé” ou “Sanza”, Antoine Moundanada d’origine paysanne chasse les esprits mauvais des malades soignés par son père qui est guérisseur au village.
Après avoir été musicien, domestique, Antoine Moundanda intègre le Ballet National Congolais et devient retraité de la fonction publique. Bien évidemment, Brazzaville est le temple de la Rumba du fait de son environnement et du mouvement ayant favorisé l’émergence de cette nouvelle création. Brazzaville la capitale de l’AEF, un nouvel El Dorado dans la mesure où cette cité attire des populations cosmopolites (Gabonais, Centrafricains, Camerounais, Tchadiens, Sénégalais, Béninois, Ghanéens, Togolais, Maliens…) et qui contribuent à l’enrichissement de sa musique. Le quartier ” Poto Poto ” de Brazzaville créé par ces étrangers devient un lieu animé et d’ambiance où fleurissent les premiers dancings.
Aussi, ce mélange de population apporte un enrichissement à la Rumba naissance. Les ” Popos ” ( termes qui désignent les Béninois, les Togolais et les Ganéens ) emmènent à Brazzaville le High Life Ghanéen en vogue et l’introduisent dans la Rumba. Certains musiciens parmi les ” Popos ” dont de nombreux sont les premiers commis de l’administration coloniale et commerçants participent eux aussi à l’émergence de la Rumba Congolaise.
De l’autre côté de la rive, Léopold Ville, devenu depuis Kinshasa et Bangui au nord ne sont pas en reste. Ces villes participent également à l’émergence de la Rumba Congolaise. A kinshasa le jeune chanteur Wéndo kolosoy alors âgé de 15 ans admire son idole Paulo Kamba et rêve de créer son groupe. Quand Wéndo fonde sa première formation musicale dans les années 50, il la baptise ” Victoria ” pour rendre hommage à son maître Paulo Kamba qui vient de disparaître. Le Centrafricain Jimmy Zakari émigre à Kinshasa, évolue musicalement aux côtés de Wéndo, Manuel d’Oliveira, Léon Boukassa et participe à la formation de nombreux musiciens parmi lesquels: Docteur Nico, Déchaud, Tino Baroza, Kabassélé Joseph et Franco Luambo Makiadi.
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Sultan Zembellat
Anthologie de la Musique Centrafricaine