Baba Bhy – Gao

Baba Bhy – Gao

Baba Bhy - Gao
Baba Bhy - Gao

L’artiste est l’équivalent de Papa Wemba au Congo Kinshasa qui devient populaire avec son groupe  » Viva la Musica « . Tout comme l’artiste Congolais, Bhy – Gao devient entre 1975 et 1977 l’idole des jeunes Centrafricains appelés « Ngémbo ». A l’instar de Papa wemba dont le village s’appelle « Amolokaï », Baba Bhy – Gao, fait d’ « Agoudoumanga Oriental » son village qui devient populaire. En fait, « Agoudoumanga » est un village des lépreux proche de Bambari Ouaka soutenu par la fondation Raoul Follereau. Du reste Bhy – Gao permet au groupe Tropical Fiesta d’acquérir une certaine notoriété grâce aux spectacles de qualités qu’il donne en compagnie des « Charlettes ». En fait, Charlie Perrière le chef du groupe fonde à l’instar des  » Claudettes » de Claude Francçois et de  » Rocherettes  » de Rochereau un groupe de danseuses pour pimenter les soirées de l’orchestre.

Après « Ondingala » l’artiste lance « Longoka » dont le succès le transforme et développe davantage sa notoriété auprès des Centrafricains. D’ailleurs, une foule innombrable suit à chaque fois Baba Bhy – Gao dans ses déplacements. C’est de la folie, des jeunes se font appeler Bhy – Gao parce qu’ils veulent ressembler à l’artiste qui devient tout un mythe. Il quitte Tropical Fiesta en 1977 en compagnie de Domingo Salsero pour intégrer la formation Makémbé dirigée par Georges Ferrera. L’artiste national change de style et lance des rumba sophistiquées, teintées d’Afro – Beet à la sauce de Fela Anikulapo Kuti qui rencontrent un énorme succès en Centrafrique. La popularité de Bhy – Gao est telle que même les « Godobé », c’est -à- dire les enfants de la rue pour la plupart issus du quartier KM5 font de lui leur idole parce que d’après eux c’est d’abord un grand frère de notre secteur qui réussit musicalement. Par ailleurs, les « Godobé » font partie des supporters actifs de l’équipe de foot ball Tempête Mocaf et du célébre musicien Prosper Mayélé. Pour ainsi dire, ils sont représentatifs de la jeunesse popualaire Centrafricaine.

Alors, je tiens à remarquer que le mot en sangho « Godobé » est en général mal définit par nombreux de nos compatriotes. En fait, la définition de « Godobé » est plus large qu’on ne le croit.  » l’ expression  » enfants de rue » ne signifie pas que tous ces enfants désignés vivent réellement dans la rue. Certes, quelques uns qui sont orphelins ou pour d’autres raisons personnelles vivent dans la rue. Mais la majorité de ces jeunes scolarisés ou non habitent bien chez leurs parents ou tuteurs. La particularité de cette population réside sur leur appartenance à un groupe où le quartier général se trouve au Km5, lieu populaire où toutes les couches sociales Banguisseoises se fondent.

Quartier marchand et populaire le Km5 est d’abord un lieu de prédilection de la débrouillardise parce que le « godobé » peut sefaire de l’argent de poche en travaillant dans la manutention ou en jouant aux jeux de hasard. Malheureusement, dans tout milieu l’on retrouve des gens malhonnêtes, ce qui explique des vols et des actes de banditisme commis par certains  » Godobé « . A vrai dire, le mouvement « godobé » est une école de rue du fait que ces jeunes apprennent tous les corps de métiers.

Baba Bhy - Gao
Baba Bhy - Gao

Ainsi, le passage dans ce phénomène de bande permet à certains de se former en apprenant sur le tas différents petits métiers: boucher, mécanicien, chauffeur, maçon, manoeuvre, pousse – pousseur, tailleur, installateur, vendeur, musicien, chanteur, cordonnier, coiffeur…

Enfin le mouvement « Godobé » est avant tout, une manière d’être, d’agir, de vaincre la peur, de se défendre, de se prendre en charge, de parler la langue sangho avec des expressions codées, truffées des mots arabes Tchadiens, Aoussa et Foulbé. Tout comme un rituel de passage dans le monde adulte, le parcours « Godobé » permet à nombreux de s’insérer socialement et professionnellement.
Si Baba Bhy – Gao fait un énorme succès dans son pays, malheureusement l’art ne nourrit pas son homme.

Baba Bhy - Gao
Baba Bhy - Gao

L’absence d’une politique de production discographique en Centrafrique amène Baba Bhy – Gao à quitter le pays en 1979 en compagnie de son neveu Léa Lignanzi et de son compagnon Domingo Salsero. Après un passage au Nigéria et au Ghana où ils fondent le trio « Trio Bhydoli », c’est-à-dire Bhy-Gao, Domingo, Lignanzi et avec l’enregistrement d’un 33 tours produit à Kumassi par un Ghanaéen. Le groupe de Centrafricains débarque à Abibjan où ils évoluent dans l’Africa All Stars du chanteur Congolais Sam Magwana en 1980. Puis la formation Africa All stars est dissoute à Paris en 1981 après une tournée Africaine et Européenne. A partir de cette période Bhy – Gao démarre une carrière en solo et sort son premier album intitulé  » Longoka  » produit par la maison Eddy’Son en 1981.

En 1985 l’Africamania produit son deuxième album  » Jocelyne  » et enfin  » Bintou  » produit en 1992 par Alain Solet, un jeune Centrafricain. Tous ces disques rencontrent de grands succès, mais sans propulser l’artiste sur le plan international. Par ailleurs, Bhy-Gao, Léa Lignanzi et Domingo, accompagnent de nombreux artistes connus en studio parmi lesquels Suzi Kasséya, Pamelo Mounka et Aurlus Mabélé. Bhy – Gao se retire en province depuis 1995, notamment à Saint – Brieuc pour mieux se préparer afin de sortir un album avec une dimension nouvelle.

maziki.fr
Sultan Zembellat
Anthologie de la Musique Centrafricaine

 

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