Prosper Mayélé et le Centrafrican Jazz
Prosper Mayélé alias Prince Mayos
C’est avec fierté et grande joie que cette occasion nous a été offerte pour s’adresser aux fans de Prosper Mayélé et du Centrafrican jazz à travers le monde en général, l’Afrique et la République Centrafricaine en particulier.
Comme vous le savez, notre père, Prosper Mayélé dit Prince Mayos nous a quittés le 12 octobre 1997. Déjà six ans. Depuis, nous projetons de réhabiliter ses œuvres depuis 1958 dans le cadre de l’anthologie de la musique Centrafricaine, lui qui fut le fondateur de la première formation musicale oubanguienne moderne. Ce projet prendra certes du temps à se réaliser mais il se fera avec la détermination qui nous anime et le concours de tous ses supporters. C’est cette détermination qui nous permet aujourd’hui d’entrer en contact avec vous fans et supporters, jeunesse du continent africain et du monde qui s’intéresse à la musique africaine et vous faire découvrir un bref parcours historique de « Prosper Mayélé » à travers ce curriculum biographique :
Ø En 1954, le jeune Mayélé sort diplômé de l’école professionnel option menuiserie mais possédait par ailleurs un acquis « guitaristique » appréciable.
– Le « grand » Kabassélé s’en est bien laissé convaincre à Bangui quand, à l’inauguration du bar dancing le REX, Prosper Mayélé est sollicité pour assurer l’accompagnement de l’orchestre à la place de Déchaux, absent. C’est un succès.
– Après le départ de l’African jazz qui l’a fortement impressionné, Prosper Mayélé fonde la première formation musicale oubanguienne et dirige un groupe féminin chargé de soutenir par des animations les actions socio politiques du Président Barthélemy Boganda. L’orchestre ainsi fondé, prend le nom de « Tropical jazz » jusqu’à la fin de l’année 1959 dans le cadre du bar dancing le REX.
(Mayélé à droite et le chanteur Wetch lors d’inauguration du dancing Dragon Rouge)
Ø En 1959, après la mort du Président Boganda, deux autres associations féminines sont créées, l’une au REX et l’autre au bar MBIYE à Lakouanga.
– L’orchestre prend de l’importance et débute ses premiers enregistrements à la « Radio Bangui ».
– La formation s’agrandit et prend la dénomination de « Centrafrican band ».
Ø En 1960-61, l’orchestre réintègre le bar MBIYE et les associations « Lumière Florence », « Mode Egalité ».
Ø En 1962, Prosper Mayélé crée en vue de protéger les œuvres des artistes Centrafricains, un organisme dénommé GORC(Groupement Orchestral de la République Centrafricaine) reconnu par l’état.
Ø 1963, l’orchestre prend le nom de « Vibro Mayos » qui ne durera que quelque mois. Un malheureux concours de circonstance va le diviser en deux groupes : « Centrafrican jazz » de Prosper Mayélé et « Vibro succès » de Rodolphe Békpa.
Ø 1965, l’orchestre « Centrafrican jazz » participe à une inauguration à Moundou au Tchad et donne un concert à Ndjaména. Un autre concert avec Manu Dibango au REX.
Ø 1966, les deux chefs d’orchestre Mayélé et Békpa sont choisis pour participer au premier festival des arts nègres à Dakar (Sénégal) dans différentes manifestations.
De retour au pays, ils participent en tant que co-fondateurs de l’école nationale des arts dont certains éléments ont constitué l’actuelle fanfare de la police nationale.
Ø De 1966 à 1975, plusieurs chansons sont enregistrées, concert au stade B.Boganda avec la Radio France Internationale.
Ø En 1976, Prosper Mayélé effectue son service militaire et se voit affecté à l’EMET, où dans le même corps que le « Commando jazz » et prend une part active aux concerts.
Ø Depuis, il n’a cessé de promouvoir les artistes et la musique Centrafricaine jusqu’à son décès en 1997. Sa dernière création fut en 1995, l’ONG « FONDACA » art et culture où il entendait mettre son expérience au service des nouveaux talents de la musique Centrafricaine.
Villeneuve d’ascq, le 27 Octobre 2003
Son fils aîné, Gérard Jean-Claude Mayélé
(Prosper Mayélé lors d’un concert organisé par RFI au stade B.B.à Bangui)
Prosper Mayélé et le Centrafrican Jazz représentent tout un monument. Prosper est l’un des meilleurs guitaristes Africains de son temps. Prosper Kangala, homme politique Centrafricain est d’abord celui qui initie Mayélé à la guitare avant qu’il ne se perfectionne auprès de Zébégué, un guitatirte virtuose Centrafricain. D’abord guitariste de jazz, blues, Afro-Cubain et de variété Française, Prince Mayos joue la Rumba Congolaise avec une dextérité inégalée. Doué d’un sens d’improvisation, Proper Mayélé interprète souvent des morceaux pendant les concerts sans les répéter avec l’orchestre. De plus, la maîtrise d’harmonie fait de lui un guitariste célèbre et inégalé. Sa notoriété lui cause des ennuis plusieurs fois avec le Président Bokassa à l’époque qui le fait emprisonner et suspend son groupe le Centrafrican Jazz. Par ailleurs, Prosper Mayélé remporte le concours des guitaristes Africains tenu au Tchad en 1972.
Le despote n’accepte pas la popularité de Prince Mayos chouchou des Centrafricains en qui le dictateur voit un futur rival porté par la masse populaire. Les concerts de Prosper Mayélé et de Centrafrican Jazz draînent une foule innombrable aux dancings « Dragon rouge », « Rex » et « Tara Tara ». De plus, parmi les fidèles fanatiques l’on remarque la présence active dans les concerts des mouvements de femmes: « Lumière Sabona », « Amie Mocaf » et des supporters de l’équipe de football « Tempête Mocaf », alliée à l’orchestre.Quelle popularité auprès des Centrafricains ? Tout petit à cette époque, je fais partie des garçons qui fabriquent des guitares de fortunes pour imiter le Prince Mayos.Ce mimétisme développé par des pré-ados et adolescents est un facteur motivant pour certains devenus quelques années plus tard musiciens ou chanteurs. Je garde encore des souvenirs de Prosper Mayélé, Jimmy Zakari qui viennent jouer de la musique en compagnie de mon oncle, le professeur de Musique Marcel Joachim Vomitiendé.
A chaque fois la sonorité de la guitare de Prince Mayos envoûte les fanatiques et attire vers lui « les fleurs du mal ». L’une des maîtresses du dictateur Bokassa dénommée Chantal admire Prosper Mayélé et de ce fait donne une occasion au despote de briser la carrière de l’artiste. De 1966 à 1979 le despote contrôle tout, à l’instar de son pair Mobutu qui envoie le guitariste chanteur congolais Franco Makiadi en prison parce qu’il lui reproche de chanter en 1978 une chanson intitulée « les fleurs du mal ». Par ailleurs, le chanteur Congolais de Kinshasa Sam Magwana garde un bon souvenir de Mayélé qui l’accompagne chaque soir lors des variétés au dancing « Dragon rouge » à Bangui en 1969. Sam Magwana effectue cette année une tournée avec son groupe Festival des Maquisards à Bangui. D’après lui, Mayélé est un excellent guitariste.C’est avec émotion qu’il apprend la disparition de Prosper.
Il importe également de rendre hommage aux musiciens et chanteurs ayant évolué avec Prosper Mayélé dans le groupeCentrafrican Jazz. Le docteur Wetch, chanteur, et surtout meilleur compositeur Centrafricain de tout le temps mérite un hommage particulier. Il donne une dimension aux morceaux de Centrafrican Jazz avec ses belles mélodies qui continuent de faire danser toute une génération. »Départ ti Mairie », « Retour ti Marie », « Séparation ti Marie », « Réconciliation ti Marie », « Mama zia ti déba na mbi », « Lézine », »Linda Mangala » sont les chansons populaires composées par docteur Wetch qui font désormais partie du Patrimoine Musical Centrafricain.Si les compositions de Wetch touchent la majorité des Centrafricains de part ses mélodies, elles racontent notre vie quotidienne en général avec des principes moraux. De plus sa qualité de compositeur hors pair, docteur Wetch est le moraliste – poète Centrafricain l’équivalant de Franco Luambo Makiadi au Congo Kinshasa.
Agent de la Sécurité Sociale Centrafricaine à la retraire, docteur Wetch et quelques anciens chanteurs de Centrafrican Jazz, (Mimox et Matalaki) animent souvent des soirées nostalgiques à Bangui. Enfin je rends également hommage à Arnold Libanais, Valère et Balard, musiciens de Centrafrican Jazz aujourd’hui disparus.
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Sultan Zembellat
Anthologie de la Musique Centrafricaine