Pretty Yende

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18 Sep

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Pretty Yende, du township sud-africain à la Scala de Milan

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A 26 ans, la jeune soprano incarne la percée des voix noires sud-africaines dans l’opéra lyrique.

Le 28 octobre prochain, elle donnera un récital exceptionnel à l’Espace Pierre Cardin à Paris, tandis que la prestigieuse Scala de Milan l’a programmée dans trois productions de sa saison 2011-2012. Elle sera Musette dans La Bohème, de Puccini, chantera dans Les Noces de Figaro, de Mozart, et dans Aïda, de Verdi. Brillante soprano, Pretty Yende est considérée aujourd’hui comme l’une des voix les plus prometteuses des scènes internationales. Pourtant, à sa naissance en 1985, son pays, l’Afrique du Sud, est toujours soumis au régime de l’apartheid, et Nelson Mandela, condamné à la prison à perpétuité pour terrorisme, se trouve toujours dans une cellule. Noire, la fillette va grandir à Thandukukhanya, un township de Piet Relief. Située à l’est du pays, la ville doit son nom à un chef boer, Pieter Retief, dont l’assassinat en 1838 est considéré comme l’un des actes fondateurs de l’histoire afrikaner.
Une musique de publicité

Un soir, chez elle, une banale publicité à la télévision atteint Petty au plus profond d’elle-même. Un extrait de Lakmé, l’opéra de Léo Delibes, accompagne les images. Le lendemain matin, au lycée, émue, elle demande à un professeur s’il sait d’où est tirée cette musique. « Il m’a dit que ça s’appelle un opéra », se souvient-elle. Alors elle a ajouté : « Je dois faire ça. » Le mot opéra sur lequel résonnaient les quelques notes entendues la veille venait de bouleverser sa vie. « Tout ce que je voulais faire, c’était chanter. Tout ce que je voulais faire, c’était de savoir chanter. Même maintenant, tout ce que je veux faire, c’est de savoir chanter. »
Ses trois modèles

Depuis, en effet, elle n’a cessé de travailler sa voix, notamment à l’Academia della Scala de Milan. Le répertoire lyrique n’est plus pour elle un monde inconnu, mystérieux et inaccessible. Elle a même ses cantatrices préférées : l’Américaine Maria Callas, que Léonard Berstein surnommait « la Bible de l’opéra », l’Italienne Mirella Freni et l’Espagnole Montserrat Caballe. En juillet dernier, participant, à Moscou, sur la scène du Théâtre Stanislavski et Nemirovitch Dantchenko, au concours Operalia créé il y a dix-neuf ans par Placido Domingo, elle a remporté le premier prix, ainsi que deux autres récompenses : le prix de la zarzuela et celui du Public. Jamais un même lauréat n’avait décroché les trois.
Une ” nation chantante ”

En fait, depuis quelques années, les voix noires sud-africaines ne sont plus rares à se produire sur les grandes scènes. Au temps de l’apartheid, elles étaient tenues de se taire. Ce n’est plus le cas. « Pour le moment, nos meilleurs chanteurs sont des Noirs », souligne Virginia Davids, responsable des études vocales au Collège de musique d’Afrique du Sud, basé à l’université du Cap.

Elle ajoute : « Autrefois, les gens de couleur n’étaient même pas autorisés à monter sur scène. C’est pourquoi on a l’impression d’assister à une explosion. » Selon elle, « les choses se sont soudain ouvertes et ont commencé à réaliser qu’ils pouvaient faire carrière ». Pretty Yende, elle, parle de « nation chantante ». « Nous sommes nés avec un battement. Nous pleurons, nous chantons. Nous rions, nous chantons. Nous sommes tristes, nous chantons. Nous perdons, nous chantons. Nous gagnons, nous chantons… »

Soucre : Par Alain Vincenot ( C’est sur France Soir )

 

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